Jean Odile Costesèque le grognard audois de Cazilhac
(1786-1864)


La médaille de Sainte-Hélène est une décoration militaire récompensant ceux qui ont combattu pendant les Campagnes napoléoniennes (1792 à 1815), elle fût remise en 1857 aux Grognards toujours en vie.

Jean Odile voit le jour le 10 mai 1786 à Cazilhac 11, il est le troisième des huit enfants de Philippe et Marguerite Andrieu. Il va passer son enfance dans son village natal jusqu'en 1806, année où il doit effectuer son service militaire. Il quitte peut-être obligé son métier de brassier qu'il ne reprendra jamais. L'homme insouciant ne connaissant pour tout horizon que la Cité de Carcassonne va voyager au-delà de ses espérances mais au prix certainement de très grandes frayeurs.

Aussitôt l'uniforme militaire endossé il effectue sa première Campagne en Prusse chez les Fusiliers Chasseurs de l'Ex-Garde Impériale, nous sommes fin de l'année 1806 il y reste jusqu'en 1807. 1808, le changement de climat est radical il se retrouve en Espagne, l'année suivante il guerroie en Autriche où l'eau du Danube va avoir pour lui une saveur amère, nous sommes le 12 mai alors qu'il traverse le fleuve il est atteint à la cuisse gauche d'un coup de feu. Le temps de se rétablir il est envoyé à nouveau en Espagne de 1810 à 1811, fin de la Campagne espagnole il passe au 02e Régiment de Chasseurs avec le grade de caporal puis quatre mois plus tard au 01e Régiment de Chasseurs et s'en va connaître Moscou et la fameuse défaite de 1812 contre la Russie. Pas de répit pour lui et les troupes: 1813 est la Campagne contre la Saxe, là aussi cela tourne mal, il faut absolument défendre la Patrie bon nombre de pays se sont coalisés et font route vers la France, Napoléon part de l'Allemagne avec 70 000 soldats dont Jean Odile. C'est la "débâcle napoléonienne", malgré cela, notre cazilhacois devient Chevalier de la Légion d'Honneur le 21 février 1814. Peu de temps après le petit homme corse de Saint-Cyr s'en va forcé sur l'île d'Elbe pour revenir en 1815 et du haut des ses 1,73m Jean Odile le suit une ultime fois dans l'Armée du Nord.

La même année en juin Napoléon abdique, Jean Odile part de l'Armée le 30 septembre après avoir servi la Nation pendant presque neuf ans sous les ordres de Curial, Cambronne ou Lefèvre. Son chef suprême quant à lui quitte définitivement la France le 16 octobre.
L'un s'en retourne chez lui à Cazilhac alors que l'autre va connaître la rudesse de l'île Sainte-Hélène.

1816, Cazilhac est devenu trop petit? Il s'installe à Carcassonne et s'y marie en novembre avec Jacquette Barre de la Cité. Il y cultive je ne sais quoi, les pieds dans les plants mais la tête ailleurs, il n'est plus fait pour ça. Il a déjà deux enfants, son ami corse est mort en mai dernier. Lui, il lui faut encore servir, il s'enrôle dans la Gendarmerie à Cheval de l'Aude en novembre avec son grade de caporal.

Voilà le métier qu'il va exercer pendant plus d'une vingtaine d'années. En mai 1843 il se retire avec son épouse à Limoux, il a 57 ans et a au moins quatre enfants toujours en vie dont Henry qui après avoir été serrurier prend l'habit de gendarme.
Il y vit enfin paisiblement quand en 1857 Napoléon III décide de récompenser tous les valeureux soldats qui ont combattu auprès de son oncle. Il reçoit donc sa deuxième décoration.

A l'âge de 78 ans, ses yeux couleur noisette se ferment à jamais à Limoux le 15 juillet 1864. Il a quitté ce bas monde et sans nul doute a t-il refait dans sa tête ses Campagnes, revu ses compagnons d'Armes le petit homme corse y compris.

... Six ans après son décès la Prusse entre à nouveau dans Paris. D'autres Costesèque (1) endosseront sûrement l'uniforme comme Jean Odile Costesèque et Antoine Costesec de Trèbes 11 l'ont fait dès 1806.

(1) L. Costesèque - Guerres 1870-71 (Prusse et la Commune) - Inscrit sur un Monument aux Morts de Perpignan 66.


Décémbre 2009, article de Corinne Costesèque